Dernier jour 13h30

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Reuters, Great Yarmouth, Norfolk, aujourd'hui, 13h30. 7 hommes ont été tués par l'effondrement de l'abri clandestin qu'ils construisaient. Le représentant des forces de secours a formellement dénié le moindre espoir de retrouver des survivants : « Ce sont des amateurs, ils creusent à plus de dix mètres dans un sol sablonneux en épontillant avec du vieux bois pourri, c'est incroyable que tout ne leur soit pas tombé dessus plus tôt ». Face au nombre croissant de façon alarmante des accidents de ce type, les autorités se sont déclarées impuissantes : « C'est interdit, mais ils ne comprennent pas que c'est pour les protéger. Ils sont convaincus que l'on veut les empêcher de protéger leurs familles, alors ils creusent en secret. Ils sont sous-équipés, sous-qualifiés, et c'est le drame. »

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Dès qu'elle eut Morgan en ligne, Claire lui raconta ce qu'AK lui avait révélé. Morgan regarda Claire dans les yeux et dit lentement :

— C'était de la légitime défense. On l'a enterré. Lise était là, tu lui demanderas.

Claire hocha la tête.

— Tu avais gardé l'arme.

— Je suppose que Lise l'a donnée à Ada ce matin, je vais appeler Lise.

Quand elle raccrocha, elle était sombre.

— Il n'y a pas que les empreintes d'Ada sur cette arme, il y a celles de Lise aussi.

Claire ouvrit de grands yeux, elle n'avait pas pensé à cela.

Morgan utilisa le réseau militaire pour appeler Ada, qu'elle mit en conférence avec Claire.

— Ada, qu'est-ce qui s'est passé avec l'arme que Lise t'a donnée ?

— Je l'ai jetée dans une poubelle. J'avais tiré une fois avec. Je pensais ne plus en avoir besoin. Apparemment un homme qui me suivait a vu la scène et a récupéré cette arme. Et ensuite, il l'a utilisée pour descendre un policier.

— Comment sais-tu qu'il a fait cela ?

— Michael l'a vu faire.

— Passe-le-moi.

— Morgan ?

— Michael, dis-moi exactement ce que tu as vu.

— Je vais faire bien mieux que ça, je vais t'envoyer la vidéo que j'ai enregistrée avec mon implant. On était planqués derrière une bande d'ados, le flic est arrivé et il a vu l'autre type, malgré son camouflage.

— Un camouflage ?

— Morgan, regarde la vidéo. Je te parle de l'un de ces camouflages militaires à effet caméléon qui permettent de se tenir le long d'un mur et... à moins d'être le nez dessus, tu ne vois pas le gars. Le flic a été averti par son chien. Il a fait une sommation. Ils se sont tirés dessus. Le flic est tombé, l'autre est parti, mais il a laissé l'arme qu'il avait utilisée, celle qu'Ada avait jetée dans une poubelle un peu plus tôt.

— On regarde ça.

Morgan copia immédiatement la vidéo à l'attention de Claire. Elles regardèrent la courte scène trois fois. Claire fit des ralentis.

— OK, Michael, fit Morgan, ce n'est pas Ada qui a tué ce flic. Mais le problème n'est pas là.

— Je sais.

— Vous êtes à peu près à l'abri ?

— On va dire ça.

— Je vous rappelle.

Elle coupa la communication et se tourna vers Claire qui conclut :

— Je vais envoyer cet enregistrement à mon collègue policier. Mais je ne sais que ça ne va pas changer grand-chose. En particulier, ce type de vidéo est trop facile à falsifier pour faire une preuve recevable.

Morgan la regarda gravement.

— Pour moi, ça change tout.

Claire hocha la tête.

— Moi aussi, je suis soulagée de savoir que ce n'est pas Ada qui a fait le coup.

— Ce n'est pas ça que je veux dire. J'ai perdu quatre passagers ce matin au Hilton. Ça fait quatre places.

Claire fronça les sourcils. Morgan demanda :

« Tu es contre ?

Claire sourit malicieusement.

— Ne dis pas de bêtises. Ils sont géniaux tes ados.

Puis elle redevint sombre.

« Mais il va être très difficile de les récupérer, avec l'intégralité des forces de l'ordre du secteur à leurs trousses.

Morgan hocha la tête.

— Tu crois que ton copain AK pourrait nous aider ?

Claire ouvrit de grands yeux.

— Je n'avais pas pensé à ça.